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Les Cigales du Baïkal

 

 

 

 

           

 

Après une trop longue année d’absence, je retrouve avec bonheur la musique de la taïga : le tambour des pics noirs, le souffle  du décollage d’un Grand Coq, les grelots de paille et de feuilles qui bruissent au moindre courant d’air. Je retrouve le parfum de la taïga : les mousses légères et profondes, les lichens frais, les buissons de canneberges, de groseilles, de cassis et d’airelles des marais, le musc des troncs en décomposition sur lesquels les fourmis ont érigé d’énormes mamelons… Déjà, nous traversons notre premier gué : une formalité agréable avec la chaleur montante. Des ombres communs glissent entre nos jambes sur un fond de galet. Nous longeons une large vallée où l’horizon se limite au feuillage et aux futs des bouleaux. J’ai l’impression de traverser un tableau de Lévitan, à moins que ce ne soit de Shishkin, les maîtres du paysage russe…

 

            Cette Russie profonde me fascine depuis mon plus jeune âge. Oh, pas de risque que ce goût m’ait été transmis par mon père ou par les frères des écoles chrétiennes qui assumaient leur anti-communisme primaire ! Une erreur de parcours, sans doute, car comment aimer le pays d’Ivan le Terrible, de la Bérézina, de Staline, du Guépéou, du NKVD, des goulags ? L’étincelle (« Iskra ») est sans doute venue d’une conférence de Connaissances du Monde sur le Baïkal,  alors que je n’avais que neuf ans. J’avais été immédiatement emporté par la beauté des paysages quoique surpris lorsqu’Albert Mahuzier nous expliqua que  beau (« Krassivi ») et rouge (« Krassni ») ne faisaient qu’un dans les cœurs des Russes. Une passion alimentée par ma première visite à Saint Petersburg, alors Leningrad, un petit matin d’hiver brejnévien. Je découvrais une Venise féérique figée dans le froid et la neige, un musée de l’Hermitage glacial où des groupes d’enfants en uniformes et foulards rouges se réchauffaient au contact des vahinés colorées de Gauguin. Une passion entretenue par ces longs vols entre le Japon et la Finlande, le front collé contre le hublot, à regarder défiler d’interminables rivières qui avalaient des pans entiers de forêts, des montagnes océans, des glaciers de plaine au milieu de nulle part… Par des soirées sans fin, sur fond  de guitare ou d’accordéon et, à coup sûr, de vodka à refaire le monde avec mes amis : Sergei, le géologue qui hésitait à quitter le parti, Alexis, l’océanographe, qui a fini par fuir cette dictature absurde au péril de sa vie.

 

            Deux brefs sifflements interrompent mes rêveries (eh oui, je rêve en marchant, à moins que ce ne soit l’inverse). Deux aigles glatissent à tue tête, alarmés par notre présence dans ce vallon sauvage. Ils s’élèvent déjà hors de notre vue sans un battement d’aile contre une paroi de granit chauffée à blanc. Nous traversons un petit bois brûlé. « Slava Bogou » (Dieu merci) la fournaise s’estompe, substituée par un courant d’air frais, presque froid. L’odeur de la taïga, elle-même, change. Un fond de je ne sais quoi… Alors que je peine à identifier ce nouveau parfum, « Il » apparaît soudain au détour d’un massif d’épilobe ! Un véritable choc, une naissance, comme lors de ma première vision de la Méditerranée dans la DS de mon père sur la RN7, après avoir dégobillé mon quatre heures dans les boucles du Verdon !

 

            Un lac ? Vous n’y pensez pas… Une mer aux horizons infinis, aux reflets d’argent et d’azur ! D’ailleurs oubliez ce « lac » si vous ne voulez pas vous fâcher avec un Sibérien. S’il est patient, il vous expliquera que le Baïkal, ni lac ni même mer, est un océan d’eau douce, situé sur un rift, qui continue de s’ouvrir et sépare peu à peu le continent eurasien de la plaque de l’Amour. La plaque de l’Amour… Je n’invente rien !

 

            Nous installons notre premier bivouac sur une prairie semée de campanules et nous nous endormons, bercés par le  rythme des vagues qui s’effacent sur les galets. Le lendemain, nous reprenons notre progression sur les rives du lac, pardon de l’océan Baïkal. L’affaire n’est pas aisée, car il faut avoir, à la fois le pied marin et le pied montagnard ! Le pied marin pour franchir, l’eau à la ceinture, le sac à dos sur la tête, des passages aquatiques en prenant garde à ne pas glisser sur les rochers ; montagnard, car lorsque la mer est trop grosse ou le fond trop profond, il faut passer par les hauteurs et s’élever dans les forêts de pins. L’exercice, s’il est rarement vertigineux, est parfois un peu exposé : un faux pas, au-dessus de ces falaises, serait lourd de conséquences. Il faut aussi être un peu cavalier pour franchir, sans ralentir le rythme, les multiples troncs d’arbre tombés sur le sentier ou la vague trace des semelles de nos ouvreurs. « Tss-Tss… », je  m’arrête interloqué… « Tss-Tss–Tss… ». Des cigales ! Effectivement, le paysage prend des allures méditerranéennes : un Estérel ou une Corse d’avant le tourisme … Une Méditerranée ou un océan Indien, car entre les pins nous découvrons une baie de sable fin décorée de lourds blocs de granit arrondis par l’érosion : Praslin ou Mahé ? 

 

            Après deux jours de solitude, nous approchons de Pechtchanaïa Baya. Les stridulations des cigales sont couvertes peu à peu par la rumeur des bateaux et les Boum Boum d’un bastringue minable. Nous traversons, furtivement, cette base touristique, établie par les hiérarques soviétiques pour le repos des travailleurs méritants. Comment leur reprocher un tel projet ? L’endroit est effectivement féérique avec ses eaux transparentes, ses caps de carte postale, ses arbres qui jouent aux échassiers dans les dunes… Malgré ce décor, cette animation (très modérée par rapport à nos usines touristiques !) ne nous émeut guère. Nous allongeons le pas et retrouvons bientôt, soulagés, la solitude de nos pentes herbeuses, nos arbres couchés et nos parcours maritimes…

 

            Nulle uniformité dans nos pérégrinations côtières ; d’ailleurs Bernard Moitessier s’est-il jamais plaint de la monotonie des océans ? Notre navigation au long cours est égayée par une série de rencontres poétiques avec de rares Robinsons échoués dans des criques lointaines. Florilège :

 

  • Un soutien-gorge, bonnet C, au milieu de la taïga sèche sur un fil qui nous mène à Natacha, une belle blonde aux yeux couleur Baïkal. Sylvio, notre latin lover, sous le coup de l’émotion, lui déclame : « vous avez des yeux magnifiques. On dirait… » Il hésite, puis se reprend : « Oui, des yeux de chien sibérien » laissant la belle sibérienne interloquée…

  • Des pêcheurs d’omoul tirant leur barque sur une prairie. L’omoul, espèce endémique de la famille des salmonidés, est le poisson symbole du lac, fameux lorsqu’il est fumé. Chaque matin, ils partent de bonne heure relever leurs filets en maudissant les nerpas, les phoques d’eau douce du Baïkal que nous avons la chance d’entrevoir entre deux plongées.

  • Un garde du parc, Sacha, qui marche de guingois. Une vieille blessure, sans doute. Cet ancien de l’aviation militaire spécialisé dans les sauvetages des pilotes crashés nous montre fièrement son bel uniforme, ses photos de jeune homme puis son potager. Alors que nous le remercions pour son hospitalité, il file dans la remise et insiste pour que nous goûtions à un steak de nerpa conservé dans un bocal. Viktor, notre guide, sibérien depuis sept générations, grimace. Je comprends vite pourquoi, tant le goût est fort ! Nous repartons avec le bocal, cadeau de Sacha…

  • Irina au sourire lumineux qui nous raconte l’histoire de sa famille, de son arrière grand-père, cadre du Parti, responsable d’une usine, arrêté sans raison puis exilé dans les camps de Magadan. Il n’est jamais revenu et une chape de plomb s’est abattue sur ce secret de famille… Le Parti demanda à sa fille, baptisée Oktobrina en l’honneur de la révolution, de changer de prénom après cette « infamie ».

 

            Pas après pas, nous découvrons l’incroyable richesse botanique de ces côtes, comme si la nature avait voulu se faire pardonner de ces hivers trop longs. On y retrouve bien entendu les grands classiques sibériens : bouleau, tremble, mélèzes, sorbiers, berce, cornouiller mais aussi épicéa et pin cembro que les Russes appellent « cèdre ». Les arbustes, eux, semblent sortir d’une jardinerie : cotonéaster, spirée, hélianthème. La belle saison est courte et, en cette fin juillet, les fleurs se sont donné le mot pour fleurir ensemble : campanules de toutes sortes, saxifrages, anémones, aconits, delphinium bleu, œillets géants. Mais surtout Lys rouge du Baïkal dont les couleurs claquent comme un feu d’artifice sur un fond bleu outre Baïkal. Seule l’impitoyable, Krapiva, l’ortie sibérienne, nous rappelle, dans les zones de pâturage, que nous ne sommes pas dans le jardin d’Eden !

 

            Le soir, après avoir marché de longues heures, nous nous arrêtons dans une baie de sable ou de galets pour planter la tente face aux vagues, tentant chaque fois, de dépasser l’émerveillement de la veille. Autour du feu, après avoir épuisé notre réserve de boisson anisée, Aliona, Viktor et Anton font circuler la vodka entre deux toasts ou deux chansons. Grâce à l’eau sacrée, nous améliorons notre pratique du russe et apprenons même le deuxième couplet de Katiousha : « Vihadiila piesnou zavadila … ». Plus habitués que nous à ces libations, nos amis continuent parfois à veiller bien après que nous ayons rejoint nos tentes. Un matin, les yeux encore clignotants, Aliona m’affirmera même qu’ils ont vu dans la nuit un polatouche les survoler, le fameux écureuil volant de Sibérie dont se sont inspirés Superman et Tarzan.

 

            Régulièrement, nous bivouaquons auprès de la cabane d’un garde du parc qui met à notre disposition sa bania familiale, le sauna sibérien : le trek le plus propre du monde ! Un soir, alors que le soleil se couche sur l’horizon, nous pénétrons à cinq dans la cabine surchauffée. Nous n’osons nous asseoir tant le mélèze noirci par les âges et l’usage est brûlant. Franck, malgré tout, insiste pour jeter une louche d’eau sur les pierres surchauffées, posées sur le poêle. Finalement, nos corps apprivoisent la chaleur et nous nous lançons même dans une séance traditionnelle de fouettage à l’aide de bouquets de bouleau séchés puis trempés dans un seau d’eau. Au bout de trente minutes de ce traitement, après que Franck ait jeté une dernière louchée afin de produire un effet Fukushima, nous sortons, devant  les filles ébahies (et ravies), nus comme des vers en marchant en file indienne avec la démarche classieuse d’Aldo Maccione dans le film de Lelouch : « L’aventure, c’est l’aventure  (1972) ». Fiers de notre effet, nous nous précipitons dans les eaux du Baïkal qui sont remontées à 14°C ! La Méditerranée…

 

            Après une dizaine de jours de marche, nous approchons de notre but… Sagan Zaba, lieu sacré du chamanisme, dont le nom sonne comme une promesse d’éternité ! Il nous faut encore traverser Bougouldeika, un gros village bouriate, ancien port d’embarquement de « trains flottants de bois » qui naviguaient vers l’Angara, puis vers Irkoutsk et ses scieries. Cette pratique est  abandonnée, car l’abattage des arbres est désormais interdit sur l’ensemble du pourtour du Baïkal. Bougouldeika, écrasée par la chaleur, avec ses maisons en bois, ses larges rues poussiéreuses où circulent librement chevaux et side-cars, me fait penser à un film de Sergio Leone. D’ailleurs, la forêt pré-boréale a fait place maintenant à la steppe. Nous nous élevons donc dans un paysage de Western ou plutôt d’Eastern… Bientôt le cap Noir qui plonge dans le Baïkal et puis la descente entre les tombants de marbre blanc jusqu’à la mer. Les vagues ont décapé des blocs de rochers, pour faire apparaître le marbre aussi pur que du Carrare,  que des pains de saccharose.  Au milieu des vagues surgit  ainsi une Vénus sortie des eaux, digne d’une sculpture dada de Hans Arp. Plus loin, sous le soleil couchant, des signes apparaissent sur les parois : des traits gravés voilà près de quatre mille ans : un groupe de rennes, trois oies ou cygnes, un chaman aux allures de Goldorak . Un guerrier armant un arc et monté sur un cheval, nous indique les côtes mystérieuses de Bargouzine, le territoire des barbares et des ours… Ma prochaine destination, un jour peut-être. Il me reste tant à faire avant de connaître les 2200 km de rivage du lac, pardon de l’océan Baïkal.

            Après avoir fait nos adieux au Baïkal, le lac-océan, nous pénétrons, après quelques heures de route, dans la large vallée de la Tunka, dominée par les monts Tounkinski,   pour une première reconnaissance des Saians. Nous projetons en effet d’explorer les environs du Munku Sardyk (3491 m), le sommet de ces montagnes sauvages et mystérieuses, à cheval entre Sibérie et Mongolie, et d’en tenter l’ascension si les conditions sont bonnes.

 

            L’étroite route goudronnée, tracée dans les alluvions, déformée par le gel et le regel,  se déplie comme un accordéon, alors qu’une bruine tiède nous enveloppe. Une femme s’échine sur le levier d’une pompe rouillée pour remplir son seau. Quelques vaches déambulent librement sur la grand-route. Plus loin, une volée de corbeaux disputent à quelques chiens jaunes, le cadavre d’un cheval crevé, le ventre gonflé, les pattes dressées vers le ciel. Seules quelques notes de couleur égaient ce tableau mélancolique: le dôme doré d’une église orthodoxe, les encadrements peints des fenêtres des maisons en bois noircis, les parterres de tanaisies, de soucis et de capucines plantés dans les potagers afin de protéger les récoltes. Chaque kilomètre nous éloigne un peu plus du XXI° et du XX° siècle.

 

            Nous arrivons à Mondy qui sonne comme un bout du monde. Au delà, seule une piste poussiéreuse poursuit l’aventure jusqu’au cœur des Saians, vers Orlyk, un autre bout du monde. Au loin, alors que les nuages se déchirent, nous entrevoyons l’éclat d’un glacier : Le versant mongol du Munku. Affalée dans l’herbe contre une longue palissade de bois, une silhouette récupère une nuit trop arrosée : Saturdays’ Night Fever ! Tristes tropiques… Notre arrivée ne passe pas inaperçue. Nous sommes vite rejoints par une petite vieille au visage ridée comme une pomme à cidre, qui trottine une canne à la main et me parle en Bouriate ainsi que par un grand échalas en bottes noires de cosaque, à la peau parcheminée et tatouée, au nez aquilin. J’observe ce dernier, interloqué… Ni un russe, ni un bouriate dont les têtes rondes me font penser à leurs lointains cousins coréens. Non, celui là vient d’ailleurs. Il devance  ma question et me tape sur l’épaule en m’expliquant : « Ia, Soyot »…

 

            Ainsi me voilà en présence de l’un des derniers Soyotes, ces fiers cavaliers-archers, voisins des Tsaaatans de Mongolie, qui refusèrent toutes les tyrannies, de Gengis Khan à Staline, se réfugiant au Nord dans les neiges des Saians. Ils se battirent courageusement contre les bolchéviques, comme en témoigne Ferdynand Ossendowsky dans son livre culte : « Bêtes, Hommes et Dieux », tentant de préserver leurs traditions de nomades éleveurs de rennes. Les nouveaux maîtres de la Russie non contents de les annihiler militairement, collectivisèrent leurs troupeaux de rennes dans les années trente avant d’abandonner cette activité jugée peu rentable. Les Soyotes furent alors ignorés et assimilés aux Bouriates, plus dociles et plus nombreux. Lors de l’écroulement de l’URSS, seuls 30 individus se déclaraient encore Soyotes. Aujourd’hui, même si,  seulement une centaine de nomades vivent encore dans la montagne de l’élevage de Yak, le temps de la fierté est revenu. Les Soyotes redécouvrent peu à peu leur religion, leur histoire, leur alphabet.

 

            Nous remontons le lit d’une rivière pour arriver au débouché de deux canyons creusés dans des nappes de granits roses et de marbre blanc. Ça et là des fragments de serpentinite  aux écailles noires, des péridotites chargées d’olivine nous indiquent une tectonique agitée, la présence d’anciens volcans ou de fonds marins. Nous plantons nos tentes sur un ilot de mélèzes coincé entre le torrent et une paroi raide, presque une falaise. Une forte pluie tombe maintenant de manière ininterrompue.  Après une nuit sans sommeil à relever régulièrement le niveau de l’eau, nous ne pouvons que constater la montée des eaux qui nous interdit toute progression dans le canyon ou tout retour vers la piste.  La contemplation des eaux furieuses nous lasse vite et malgré la raideur de la pente, nous décidons de partir reconnaître les hauts. Nous nous élevons ainsi avec précaution sur une pente schisteuse de 40-45° entrecoupée de barres rocheuses, pour rejoindre la taïga 300 m plus haut. Après une heure à faire notre trace dans les herbes mouillées, à notre grande surprise, nous croisons une trace  régulière qui grimpe dans la montagne et décidons de la suivre.

 

            Alors que nous nous élevons, nous apercevons des fils de laine, des  bandes de soie, blanches et jaunes comme les Khatas tibétaines, bleues comme les Khatags Mongols, mais aussi vertes et rouges, accrochés aux branches. Au détour d’un virage, nous butons contre une paroi ocre percée d’une arche, non loin d’une aiguille de pierre aux formes évocatrices. Encore quelques mètres et nous arrivons dans un bois de pins cembro aux troncs couverts de voiles de soie entourant une place de feu, où trainent encore quelques grains de riz et des pièces de monnaie : des offrandes probablement destinées aux forces invisibles qui animent les nuages, le ciel, les animaux et très probablement la fertilité, objet de ce pèlerinage chamanique.

 

            Adieu Munku ! Après 36H de pluie continue, nous entamons notre retraite de Russie en jouant aux pontonniers de la Bérézina dans l’eau glaciale pour faire traverser le torrent, à peine assagi, à notre équipe, sécurisée par une corde tendue. Nous installons plus bas un bivouac de rêve au pied des Tounkinski que nous partons explorer. Je retrouve avec plaisir les charmes de la navigation « pure wilderness » : traversée de torrents, de marécages, de pierriers géants ; descente de touffe d’herbe en touffe d’herbe dans le mélézin sur des pentes de 40° et plus. Plusieurs fois nous rencontrons des traces d’ours : griffures sur les mélèzes, pierres retournées, fourmilières éventrées. Arrivés à la limite taïga-toundra, nous délogeons une petite famille de pics noirs qui s’envolent en poussant des « krukrukru »… Enfin dans le domaine de la haute montagne, nous remontons une longue vallée perdue au fond de laquelle circule un cours d’eau cristalline qui s’enfonce profondément dans la tourbe et les cladonies des rennes. Après plusieurs heures de marche nous butons contre un cirque de falaises aux airs de Dolomites. Nous rejoignons tant bien que mal les crêtes en nous élevant dans les pierriers au-dessus de quatre lacs, entourés de pavots jaune pâle et de gentianes blanches. Enfin nous voilà au sommet, à près de 3000 m. Non loin de là, le Munku, entouré de ses glaciers nous nargue une dernière fois.

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