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© Editions Paulsen - Guérin, 2017
320 pages, 25 €
ISBN: 978-2-35221-226-3

Le Mot de l'éditeur

Ombres et lumières de la Résistance ordinaire

Un tableau subtil et complexe

À Nice dans les années 1920 et 1930, Jean Lippmann a tout pour incarner la réussite : officier pendant la Grande guerre, décoré de la Légion d’honneur, huissier aisé, chef de famille heureux, il passe ses vacances dans son chalet de la Foux d’Allos, dans le Haut-Verdon.

Quand éclate la seconde guerre mondiale, il rejoint un réseau de résistance tout en continuant à pratiquer la montagne en famille. C’est là, à l’été 1943, que débute le récit de Résister.

Écrivain et voyageur, Gérard Guerrier s’est fait historien pour partir sur les traces de cette famille qui aurait pu rester sans histoire si elle n’avait été juive. Il a arpenté Nice et embarqué dans le « train des Pignes » vers l’arrière-pays, jusqu’aux âpres montagnes du Haut-Verdon. Il a enquêté sur cette région
où la famille Lippmann est entrée en résistance l’année précédant la Libération, pour former ce qu’on appelait alors le « maquis juif ».

 

Avec l’aide des petits-enfants de Jean Lippmann et de ses proches, l’auteur est parti à la rencontre des derniers témoins de cette époque en passe de quitter les mémoires pour entrer dans l’Histoire. Il arpente les lieux en fin connaisseur de la montagne et y campe ses rencontres émouvantes.
 

Gérard Guerrier a conçu son livre comme un roman alpin, nourri de la réalité de l’époque. Dans son enfance, il a été profondément marqué par ses vacances dans le Vercors, et les récits de la résistance héroïque et tragique dont le plateau avait été le théâtre. En explorant l’histoire du « maquis juif », il a découvert une réalité plus banale, plus quotidienne, mais tout aussi poignante. Une vision résolument à hauteur d’hommes et de femmes, où l’arrière-plan des années d’Occupation est reconstitué avec un grand souci du détail : l’occupation italienne de Nice puis la déroute de l’armée transalpine, l’arrivée terrifiante du chasseur de juifs Aloïs Brunner, le marché noir, les dénonciations et les trahisons, l’amateurisme et le courage des maquisards. Un tableau subtil et complexe où le verbe du titre trouve toute
sa force : résister !

Résister

Vidéo-conférence à Chamonix

Note importante : les photos d'époque qui illustrent cette page ainsi que le livre

font partie du fond de la famille Lippmann et/ou du Musée de la Résistance Azuréenne.

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Mon Grain de Sel

Lassé et frustré par les hagiographies des "héros de la résistance", de l'insistance  à peindre la période de l'Occupation en noir en blanc plutôt qu'en gris, de la sécheresse des ouvrages historiques, voilà longtemps que je voulais écrire une histoire de la résistance "vraie"…  Une histoire de femmes et d'hommes avec leurs doutes, leurs faiblesses, leurs émotions et leurs peurs.

Il ne me restait plus qu'à écrire un roman!  Oui mais… Je voulais être au plus près de "la vraie vie", me laisser porter par les faits. 

Après quelques recherches à la recherche de "résistants ordinaires", j'ai eu la chance de trouver Jean Lippmann et ses enfants Eva, Claude et Jacques avec qui il prend le maquis en octobre 1943.

Après les premiers contacts avec les petits enfants de Jean:  Mireille, Jean et Bernard, j'ai tiré un à un les fils de cette histoire "ordinaire" au niveau de l'Histoire, mais extraordinaire au niveau humain.  Travail d'archives évidemment, mais aussi travail de terrain en allant, sac au dos et calepin à la main, à la recherche des derniers témoins. Travail d'enquête pour tirer au clair quelques énigmes, comme celle de l'exécution de Sestrière. Travail d'auteur pour compléter les quelques trous, donner du relief aux souvenirs et aux faits…

Jean Lippmann (1890-1944)

Il n'y a de courage que s'il y a conscience!

(Toutes les photos d'époque proviennent du fond de la famille Lippmann-Provençal et du musée de la Résistance Azuréenne à Nice)

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A la recherche des derniers témoins dans les hautes vallées…

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Eva Lippmann et André Jacob (1891-1944), le père de Simone Veil, architecte du chalet et ami des Lippmann

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Les Critiques

La Cliothèque -9 février 2019

Ingénieur, plongeur, accompagnateur en montagne, journaliste, Gérard Guerrier est désormais surtout un écrivain. Il a notamment publié un récit, L’Opéra Alpin (éd. Transboréal), un roman, Alpini (éd. Glénat), et a été primé au Salon de littérature de montagne de Passy (2017). Il a également traduit de l’allemand plusieurs textes, notamment ceux des alpinistes Ueli Steck et Reinhold Messner, aux éditions Guerin et Glénat. Il écrit également pour Alpes Magazine. Il entreprend dans cet ouvrage une investigation historique.

Un travail historique de forme romanesque

Il n’est pas facile de faire entrer cet ouvrage dans une de nos catégories habituelles. Il s’agit d’une enquête historique, mais pas d’une étude historique : les sources ne sont pas citées (mais il y est fait parfois allusion) et l’auteur recourt à des procédés romanesques, tels les dialogues entre les personnages. Ayant pour objectif de retracer l’histoire d’une famille juive bourgeoise de Nice qui prend le maquis en septembre 1943, Gérard Guerrier expose sa méthode au lecteur dans les premières pages de son livre : « L’absence de témoins directs complique effectivement ce travail. Mais il reste les travaux des historiens comme Jean-Marie Guillon et Jean-Louis Panicacci, les archives, les lettres et les photos. Et puis, il doit rester encore quelques témoins directs. A moi de les trouver. J’espère aussi qu’avec tes cousins (il s’adresse à la petite fille de Jean Lippmann), tu pourras me donner quelques indications, me corriger. Pour le reste, j’essaierai de combler les vides avec mon imagination, ou plutôt mon intuition, quitte à me faire engueuler par les universitaires ». L’imagination ne joue que pour donner au récit la forme d’une fiction romanesque, l’auteur ne se permet jamais d’inventer des faits. Il intervient tout au long du livre, rompant le récit, pour exposer les modalités de son enquête, les rencontres avec les habitants, les questions aux historiens, et même pour faire part d’un document d’archive qui apporte la révélation d’un effroyable massacre dont des « résistants » portent la responsabilité.

Les hommes, l’histoire et la montagne

 

Il nous raconte avec son talent d’écrivain la vie d’hommes et de femmes qui, résolus à se cacher, ont fait le choix de se battre. Parfait connaisseur de la montagne, il sait la décrire et nous la faire ressentir, il fait plus que décrire le cadre, il recrée les ambiances, nous montre les splendeurs hivernales, et nous fait ressentir la dureté de l’existence dans ce cadre grandiose. Ajoutons néanmoins qu’une ou deux cartes ou plans auraient été les bienvenus tant la précision est grande dans l’évocation des lieux, ainsi qu’un tableau des membres de la famille (il est vrai que l’épilogue « Que sont-ils devenus ? » peut nous aider à nous y retrouver). On hésite un peu à savoir qui est qui dans les premières pages ! L’ouvrage se compose de 30 chapitres qui ne portent pas de titre et il n’y a pas de table des matières. Il aurait été facile de mettre mieux en évidence les dates qui structurent le plan chronologique et qui se trouve en cours de chapitre. Mais ne boudons pas notre plaisir ! L’ouvrage est bien écrit et nous a procuré un réel plaisir de lecture. L’histoire n’est pas banale, et les acteurs suscitent l’admiration. La 4e de couverture la résume ainsi « 8 septembre 1943, les troupes allemandes chassent les Italiens de leur zone d’occupation alpine. Le destin de la famille Lippmann, des Juifs laïques parfaitement intégrés dans la France républicaine, bascule. Père, fille et garçons quittent Nice et prennent le maquis dans la région du Haut Verdon et de l’Ubaye. Ils hivernent là en symbiose avec les montagnards, multipliant les reconnaissances en peau de phoque. Entrés en action quelques jours après le 6 juin, leur maquis est bousculé par l’ennemi. Ils réalisent que la Résistance qu’ils avaient idéalisée a aussi ses zones d’ombre. Jusqu’au drame final ».

Jean Lippmann, une « grande figure de la Résistance en Provence »

 

Dans la longue notice qu’il lui a consacrée dans le Maitron. Dictionnaire biographique des fusillés (http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article175663), Jean-Marie Guillon écrit que Jean Lippmann « fait partie des grandes figures de la Résistance en Provence ». Né en 1890, ancien combattant décoré de la Grande Guerre, parlant allemand et italien, grand sportif (il pratiquait les sports de montagne et l’équitation), libéral, humaniste, féru de culture allemande, grand mélomane, il était huissier de justice à Nice où il menait un « certain train de vie ». Il fut catastrophé par la montée du nazisme et adopta des positions antimunichoises. En 1939, à 49 ans, père de quatre enfants, il s’engagea, combattit, fut fait prisonnier et envoyé dans un Oflag de Silésie. Libéré pour cause de maladie, il rentra à Nice et put reprendre ses activités car, ancien combattant décoré, il put échapper au numérus clausus imposé par le Statut des Juifs. Il s’engagea dans la Résistance au sein du mouvement Combat et devint responsable d’un réseau de renseignement pour le secteur Nice-Menton. Avec l’occupation de la zone italienne par les Allemands le 9 septembre 1943, les rafles de Juifs se multiplièrent. La famille était menacée, d’autant que Jean Lippmann avait été identifié comme  juif, germanophone et résistant, et qu’il était recherché par le Sonderkommando de la Gestapo chargé de déporter les Juifs de Nice.

La famille Lippmann gagne la montagne et devient un maquis

C’est alors que commence l’histoire racontée par le livre de Gérard Guerrier. Jean Lippmann part avec son fils Jacques (28 ans) et sa fille Eva (22 ans) pour aller dans les Basses-Alpes, à La Foux d’Allos où il avait fait construire un chalet avant la guerre. Son épouse était décédée en 1940. Son 3e fils, Claude (23 ans) et son neveu Georges, étudiants en médecine à Lyon qui avaient décidé de prendre le maquis, s’y trouvaient depuis août et avaient pris des contacts avec la population et la Résistance locales. Ils gagnent la vallée isolée du Lavercq, en haute Ubaye et s’installent le 15 octobre au hameau de l’Abbaye. Ils sont intégrés à l’Organisation de résistance de l’Armée (ORA) et fondent un maquis dont Jean Lippmann devient le chef, assisté de Jacques, lui aussi officier de réserve, et de Claude, médecin du maquis. Ils le baptisent « maquis Lorrain ».  Les maquisards sont sept à l’origine, une quinzaine en mai 1944, une trentaine début juin. Ils sont bien accueillis par les paysans et s’installent dans le presbytère du Lavercq, mis à leur disposition par le maire de Méolans.

L’hiver est dur dans cette région  enneigée et très isolée. Jean Lippmann organise néanmoins la sécurité du maquis avec des tours de garde de deux hommes chaque nuit. « Une fois par semaine, deux hommes descendent dans la vallée de l’Ubaye, à Méolans, pour le ravitaillement, malgré la neige et avant de remonter les 600 mètres de dénivelée, chargés de 20 kilos. » Il assure également la formation militaire de son équipe dont la majorité n’a pas fait son service militaire. Ils reçoivent des skis provenant des stocks du 15e bataillon de chasseurs alpins de Barcelonnette, que l’ORA a dissimulé à la commission d’armistice. Claude, moniteur au Club alpin français, est nommé instructeur de montagne et organise des sorties de ski afin d’améliorer le niveau des moins entraînés, et de maintenir le groupe en bonne forme physique. En mars 1944, Jean Lippmann est appelé à l’état-major régional de l’ORA et il passe le commandement du maquis à son fils Jacques. Il participe alors aux négociations menées avec la Résistance italienne, restant en contact épisodique avec ses fils et leur maquis.

Le maquis dans les combats

Lorsque l’insurrection est ordonnée au lendemain du Débarquement, l’Ubaye se trouve au centre de la mobilisation FFI. Le maquis du Laverq (maquis Lorrain dans le livre) sous les ordres de Jacques Lippmann, renforcé par des habitants du village de Méolans, se déplace pour prendre position au Pas-de-la-Tour, sur la commune du Lauzet. Le 12 juin, il parvient à repousser momentanément une attaque allemande. Les trois derniers chapitres se déroulent dans la montagne, entre Laverq à la vallée de la Bléone puis dans le hameau des Eaux-Chaudes (commune de Prads), les 29 et 30 juillet 1944. Comme pour tous les récits de l’ouvrage, le lecteur vit les événements avec les hommes qui agissent, de l’intérieur, à leur hauteur (c’est l’aspect fictionnel du récit qui le permet).

Jacques Lippmann et son père marchent durant neuf heures dans la montagne pour se rendre à une réunion des chefs de maquis et des chefs départementaux ORA des Alpes maritimes et des Basses-Alpes. La réunion se tient dans une ferme et tous sont convaincus que la sécurité est absolue. La réunion est longue, les hommes sont très fatigués et s’endorment dans le foin de la grange. Mais ils ont été dénoncés et les Allemands investissent la ferme au cœur de la nuit. Dans sa notice biographique, Jean-Marie Guillon dit que les circonstances de l’arrestation de Jean Lippmann « ne sont pas claires ». Dans le récit de Gérard Guerrier, Jean Lippmann réveillé par deux aviateurs américains qui se cachent dans la ferme parvient difficilement à sortir de la grange, mais comme plusieurs autres résistants, il réussit à s’échapper. Mais il dormait sans ses chaussures (ce qui tend à confirmer le sentiment d’absolue sécurité car garder ses chaussures pour pouvoir fuir en cas d’attaque, était une règle essentielle) et ne les retrouve pas dans la nuit. Une fois à l’extérieur, il ne peut guère s’éloigner, pieds nus dans un terrain très caillouteux. Il parvient à se cacher pour le reste de la nuit, mais il est capturé au matin alors qu’il assiste sidéré à l’incendie de la ferme où ils étaient hébergés, et à l’immense peine de ses propriétaires. Gérard Guerrier a  choisi de ne pas revenir sur les tortures subies par Jean Lippmann (il était un haut responsable et fut identifié), et la dernière page du récit le met en scène face au peloton d’exécution.

 

Gérard Guerrier nous fait partager son empathie pour des hommes et des femmes qu’il fait revivre pour nous, et qu’il nous semble encore mieux connaître grâce aux deux carnets de photos qui enrichissent le livre. Un récit attachant. Le livre refermé, l’esprit du lecteur est encore dans la montagne.

© Joël Drogland pour les Clionautes

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Dauphiné Libéré - Entretien


Gérard Guerrier, "Résister" est écrit à la première personne, comment vous êtes-vous engagé dans cette
aventure?


J'ai grandi dans le Vercors et toujours baigné dans la Résistance. Adulte, j'ai essayé de comprendre, je m'interrogeais : "Qu'est-ce que l'homme ordinaire, moi par exemple, aurait fait à ce moment-là, à cet endroit-là?".
Ce qui est fascinant dans l'Occupation, c'est qu'il n'y a plus de repères, on ne sait plus où est le bien, le mal, l'ordre... 
Je voulais l'écrire, j'ai mené l'enquête et j'ai trouvé les Lippman, une famille au destin extraordinaire, presque trop parfaite: il fallait éviter tout manichéisme. D'autres personnages m'ont permis d'y parvenir.

 

Que raconte "Résister" ?


Nice est occupée par l'Italie qui protège les Juifs, et la famille Lippman s'y croit en relative sécurité. Mais l'Italie demande l'armistice, les Allemands arrivent, la famille doit fuir et, petit à petit, elle entre en résistance. Tout ce que je relate est vrai. J'ai simplement fait parler mes personnages.
A mon niveau, j'ai été très touché par la scène de Beauvezer,  où je me rends pour enquêter sur les exactions commises par les maquisards. L'hôtel qui leur servait de QG est envahi par les ronces, mon témoin ne peut pas me recevoir tout de suite, je marche dans ce village morose, gionien. Une porte est ouverte, je m'avance et à l'intérieur: un
homme dans une flaque de sang, il venait de se suicider. La violence de l'histoire et celle du quotidien se rejoignaient. Je l'ai écrite…

Propos recueillis par Emilie Talon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Libération - 23 novembre 2017

Quand Gérard Guerrier raconte la guerre en montagne

Avec «Résister, Vie et mort d’un maquis de montagne», Gérard Guerrier présente une plongée dans la combe de la Foux d’Allos, dans le Haut Verdon et l’Ubaye dans les dernières années de la seconde guerre mondiale. Une reconstitution historique et épique, nourrie des souvenirs des derniers survivants et des proches des acteurs de l’époque…

Le 8 septembre 1943, les troupes allemandes chassent les Italiens de leur zone d’occupation alpine. Les Lippmann, une famille juive laïque, prennent alors le maquis. Commence alors de long mois de clandestinité dans un milieu hostile «La vie là-haut est difficile. Il faut veiller, patrouiller et ravitailler à ski, porter des charges lourdes, s’entraîner au tir dans la neige…»

Par-delà les destins personnels, Gérard Guerrier réussit le tour de force de nous faire découvrir l’existence – le piégeage des marmottes, comme si on y était, les accrochages avec les Allemands, les inquiétudes liées à l’arrivée d’un personnage trouble…- Bref, le quotidien de ces gens arrachés à leur vie ordinaire pour vivre ces moments héroïques hors du commun.

Du courage, ils en ont. Jugeons : «Ces hommes, après avoir parcouru près de trente kilomètres et plus de deux mille mètres de dénivelé, ont entamé le retour de nuit avec une charge d’environ vingt-cinq kilos chacun. Après avoir traversé l’Ubayette, ils ont planqué leurs mitrailleuses et munitions dans une cache avant de remonter au fort… Après quelques heures de sommeil, ils ont repris le chemin de Barcelonnette.»

 

«La sueur épargne le sang» ont l’habitude de dire les chasseurs alpins, philosophes.

 

Jean Lippmann était officier pendant la Grande guerre, décoré de la Légion d’honneur, huissier aisé, chef de famille heureux. Gérard Guerrier s’est rapproché de ses petits-enfants et de leurs proches pour mener son enquête, il s’est rendu sur place pour restituer sinon les atmosphères et ambiances de l’époque, la grandeur et la somptuosité des paysages.

On découvre ainsi, au fil des pages, l’occupation italienne de Nice puis la déroute de l’armée transalpine, l’arrivée terrifiante du chasseur de juifs Aloïs Brunner, le marché noir, les dénonciations et les trahisons… On s’aperçoit aussi à quel point les maquisards pouvaient faire preuve parfois «d’amateurisme» mais aussi, d’un énorme courage.

 

Enfin le livre montre, si besoin était, l’inanité de la guerre. En témoigne cette scène, remarquable, ou un soldat allemand, un adolescent, gît, blessé à mort, en appelant sa mère. «Il est devenu pâle, presque gris. Claude lui soulève le buste et le prend dans ses bras comme une mater dolorosa. Georges colle son oreille contre sa poitrine. Un dernier râle, presque un gargouillis. Son corps soudain devient plus lourd. Claude le serre contre lui, le visage baigné de larmes».

Depuis quelques années, Gérard Guerrier se consacre principalement à l’écriture. Il a notamment publié un récit, L’Opéra Alpin (éd. Transboréal), un roman, Alpini (éd. Glénat), et a été primé au Salon de Littérature de Montagne de Passy (2017). Il a également traduit de l’allemand plusieurs textes, notamment ceux des alpinistes Ueli Steck et Reinhold Messner, aux éditions Guerin et Glénat.

Un beau rythme. Un rythme de montagnard. On attend le prochain ouvrage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blog - Claude Muller - 31 janvier 2018

Bouquiner au coin du feu un des livres de Gérard Guerrier est toujours un véritable plaisir, tellement ils sont bien écrits. « Résister, vie et mort d’un maquis de montagne » paru aux Éditions Guérin-Paulsen, ne déroge pas à cette règle.

 

Ce récit très documenté nous transporte dans la Résistance depuis Nice, le 8 septembre 1943, à la vallée de la Bléone, le 10 juillet 1944. Ne cherchez pas quelques exploits entre ces lignes. L’histoire des pérégrinations, sur les sentiers des Alpes méditerranéennes, de la famille Lippmann, n’est pas extraordinaire, au regard de la société française de l’époque. C’est l’histoire de Juifs, laïcs et républicains, parfaitement intégrés dans la société Niçoise. Ils ont « simplement » rejoint la Résistance pour fuir l’arrivée des Allemands. Au début, c’est une épopée presque romantique. Ils vivent au contact des habitants, ces montagnards du Haut Verdon et de l’Ubaye. Mais quand les Allemands s’attaquent à leurs maquis, l’histoire se complique. Gérard Guerrier nous narre cette aventure avec un double regard, celui de l’historien qui est parti à la recherche de cette mémoire enfouie et celui du poète qui nous emporte avec amour pour suivre les pérégrinations de ses héros dans ces superbes paysages montagnards. En définitive, ce que raconte ce récit est le destin de cette famille. Mais il est devenu presque banal, vu avec nos regards d’aujourd’hui. Leurs aventures, sur ces sentiers escarpés que Gérard Guerrier s’attache à nous raconter très fidèlement, sont à la fois extraordinaires et devenues au fil du temps presque communes. C’est, je crois, ce que cet auteur a voulu nous dire. Ces personnages sont des héros au sens où ils ont accomplis des gestes remarquables. Ils nous ont en quelque sorte « sauvés », en tout cas aidés à nous sortir des griffes des nazis.

 

Mais, ce que cet auteur a voulu nous demander, ce que chacun se pose comme question quand il regarde cette époque : « Qu’aurais-je fais à leur place ? ». Je ne peux que répondre : « J’espère que j’aurais eu le courage de la famille Lippmann, Résister ». Et vous ?


Claude Muller

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grésivaudan Magazine - novembre 2017 - Entretien


Debout !

1943, une famille juive prend le maquis... L’écrivain  Gérard Guerrier a enquêté sur le parcours hors du commun de la
famille Lippmann, qui loin de fuir le nazisme s’engage dans la Résistance. L’auteur qui a publié Alpini au printemps - la Guerre des Glaciers entre l’Italie et l’Autriche - signe cette fois Résister (Ed. Guérin), comme un retour aux sources de l’engagement.

G.M. : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

 
Gérard Guerrier : J’avais plusieurs objectifs. Je voulais écrire une histoire de la Résistance à hauteur d’homme et de femme, restituer toutes les nuances de cette époque et sortir de mythes héroïques : Glières, Vercors, etc. J’ai d’abord recherché des destins individuels. Je me suis ainsi intéressé à ces deux cousins du Chablais, l’un engagé dans la Résistance, l’autre dans la Milice ;
à ce curé résistant, en Tarentaise, l’abbé Muyard fusillé en août 44 avec 26 autres personnes, sur les pentes du col du Petit Saint-Bernard ; et puis le cas extraordinaire d’un des adjoints du capitaine Stéphane qui a été fait prisonnier par les
miliciens d’Uriage et qui a terminé sa carrière…comme Waffen SS !!

Et puis j’ai trouvé le cas de cette famille juive niçoise et j’ai ressenti que cette judaïté apportait quelque chose de neuf
dans l’histoire de la Résistance dans les Alpes.

 

Oui, mais pourquoi la famille Lippmann ?


J’ai cherché, enquêté, lu de nombreux ouvrages dont ceux de Jean Marie Guillon et Jean-Louis Panicacci, spécialistes de la Seconde Guerre mondiale dans le sud de la France. Les Lippmann étaient cités. J’ai retrouvé et rencontré les petits-enfants de Jean Lippmann et je me suisrendu compte qu’eux-mêmes s’intéressaient à cette partie de l’histoire et qu’ils possédaient des informations essentielles sur cet épisode de la Résistance dans le Haut-Verdon et l’Ubaye.


Comment vous-ont-ils accueilli ?


Avec un peu de méfiance au début, normal ! Imaginez un inconnu frappant à votre porte et vous demandant des informations sur des faits lointains concernant votre mère, votre père… Et qui annonce qu’il va écrire un livre sur eux, qui ne
sera ni un travail scientifique, ni un roman, mais un récit entre les deux… Il a fallu se découvrir !...

 

Votre livre n’est pas un énième monument à la gloire de la Résistance.

Vous la présentez comme l’engagement normal de gens normaux, à ceci près que les Lippmann ont choisi de
combattre alors qu’ils auraient pu se mettre en sécurité de l’autre côté de la Méditerranée…

 

La mère de Jean Lippmann avait fait ce choix, son frère également. Jean, non. Parce qu’il avait une famille à Nice : il vivait avec sa fille Eva et deux autres fils, Jacques et Claude, et son troisième fils, Pierre, était prisonnier dans un Stalag en Pologne, alors il ne se voyait pas fuir en Algérie. D’autre part il était issu d’une lignée d’officiers, lui-même ancien lieutenant-artilleur
revenu de la Grande Guerre avec six citations et la légion d’honneur. Fuir, lui ? En 1943, il était déjà engagé dans la Résistance (réseau Tartane Masséna - BCRA). De plus, Jean Lippmann était révolté par l’attitude de Vichy vis a vis des Juifs. Il a fait son choix...

 

On a parfois hâtivement taxé les juifs d’atonie face au nazisme, alors même que leur extermination
a été rendue possible par la passivité du monde. Avec Résister, avez-vous le sentiment d’avoir éclairé la résistance juive ?

 

Je ne me sens pas de rôle particulier par rapport à cela, mais j’ai été curieux de comprendre
quelle pouvait être la réaction de gens normaux confrontés à ces questions-là.

Ce qui a fait que Lippmann s’est engagé dans la Résistance est tout simplement lié au fait qu’il avait une conscience politique, c’était quelqu’un de curieux de son temps, donc pour lui, à un moment, c’était devenu naturel de résister, indépendamment du fait qu’il était juif, d’ailleurs non pratiquant.
Quant à cette prétendue passivité des Juifs, pourquoi s’en étonner ? Bien peu avaient conscience de la réalité des camps. Et puis beaucoup de Juifs français n’imaginaient pas que Pétain puisse les livrer aux nazis !

Vous dîtes que les Lippmann n’ont rien fait d’extraordinaire, seulement se tenir debout.
Cela voudrait dire quoi aujourd’hui ?


Pour « Etre debout », encore faut-il être lucide et avoir une conscience. Pas facile dans le monde d’aujourd’hui où règnent la superficialité et l’instantanéité de la « culture » internet… Un monde où fleurissent les militants de pacotille capables avec leurs tweets, de lyncher quelqu’un sur un mot, une phrase sortie de son contexte, un monde où les hommes ne comptent plus
pour laisser la place aux consommateurs !

 

Si vous deviez choisir votre époque, auriez-vous vingt ans en 1943 ?


Non je n’envie pas cette période de l’histoire même si elle a été « extra-ordinaire »…

En quelques semaines, tous les repères des Français s’écroulent. La « meilleure armée du monde » est vaincue. Les députés et les sénateurs qui à quelques exceptions près votent les plein pouvoirs à un octogénaire fascisant. Et bientôt, Laval
qui déclare qu’il souhaite la victoire de l’Allemagne pendant que l’occupant pille le pays, le port de l’étoile jaune que l’on impose en zone nord… Même si, jour après jour, les yeux se dessillent,
il n’était pas évident pour des Français ordinaires de choisir entre la rassurante légalité de Pétain et l’inconnu ; et bientôt les dangers de la Résistance…


Etait-il évident de résister ?


Non, c’était un acte de conscience, y compris d’ailleurs au sein de la Résistance. Prenons
l’exemple du bouclage de la vallée de l’Ubaye en juin 44, ordre donné par la hiérarchie de l’ORA
(Organisation de résistance de l’Armée). Quand il le reçoit, Jean Lippmann dit à son supérieur :
oui mais nous n’avons pas de canon, pas de mortier, pas les commandos que l’on nous a promis, à quoi cela servira-t-il ? On va se faire massacrer et en plus on exposera la population civile. Il est un capitaine de réserve mais il est avant tout un homme de conscience. L’autre, un commandant de carrière…

Un schéma que l’on retrouve aux Glières et dans le Vercors.


Quand vous écrivez le passage de Claude s’engageant dans la Résistance, vous sentez-vous à
la place de ce fils Lippmann ?


Claude a 20 ans, il est étudiant en médecine et il est viré de la Fac parce qu’il est juif. Il découvre sa judaïté à ce moment. Parce
que sa famille n’est pas pratiquante et que lui n’est jamais allé à la synagogue. Cette éviction le révolte. Il se dit : il faut faire quelque chose, c’est la naissance d’une conscience. Il va résister.

 

Jean Lippmann a une stature de héros quand il se rend au quartier général d’un dignitaire de la
Wehrmacht avec le sous-préfet de Nice ?


Il a effectivement accompagné Michel Junot à l’Hôtel du Parc, quartier général des forces allemandes à Menton, pour servir d’interprète au sous-préfet, qui venait demander la restitution de Menton à l’Etat français. Lippmann y est même retourné le lendemain ! Il repart donc deux fois de l’Hôtel du Parc sans aucun problème.

Je pense que la tête de l’état-major, très bien renseigné par l’Abwehr (ses services de renseignement) savait que Jean Lippmann était résistant. Probablement, comme je l’explique dans Résister, il a été averti par un officier de la Werhmacht. Car il y avait aussi des consciences chez les soldats allemands…


Que dire des relations entre les maquis et les habitants du Haut Verdon et de l’Ubaye ?
 

Là, on va du blanc au noir. Passée une légitime méfiance, lors de sa création, le réseau de résistants
de Jean Lippmann s’intègre très bien à son environnement et cela durant neuf mois d’activité (oct 43-juin 44). Les relations sont extrêmement confiantes. Il y a de l’intelligence, du respect et du service mutuel. Il faut dire aussi que la vallée de l’Ubaye est acquise à l’ORA (Organisation de résistance de l’Armée), la résistance légitimiste issue des rangs de l’armée française et que Barcelonnette est une ville de garnison. On est donc dans une certaine continuité.


Dans la vallée voisine du Haut Verdon, c’est différent. La Résistance y est peu organisée. On y retrouve les maquis FTP qui se conduisent parfois comme des cow boys… Et puis la vallée souffre aussi parfois de l’incursion de « maquis
voyous » constitués… en volant les paysans, ce qui discrédite l’ensemble de la Résistance. Certains résistants ou groupes ont parfois exécuté autour d’eux, de façon martiale… Le maquis FTP du Haut Verdon est effectivement responsable de plusieurs exécutions de personnes suspectées de renseigner les Allemands.
Un chef FTP dira même : il vaut mieux punir vingt innocents que de laisser partir un coupable.
L’ORA n’était pas aussi expéditive. Mais il y a eu cette bavure, à la fin, que je raconte. Ce 20 juillet 1944, alors que les Allemands attaquent dans le Haut Verdon, secteur où vient de passer le maquis de l’ORA, un groupe de résistants commandé par un certain Lefaur doit s’échapper avec sept prisonniers sur les bras. Au lieu de les relâcher ou de les emmener, il les exécute au col de la Sestrière, un par un, sans jugement.

 

Et parmi ces prisonniers il y avait des innocents.  Il y a donc celui qui prend la décision et les exécutants. Parmi eux un personnage douteux : Babar, juif et résistant, un ami des Lippmann…


Oui, il a participé à l’exécution des sept à Sestrière, et plus tôt à celle d’un notaire soupçonné de connivence avec l’ennemi, abattu… avec son fils mongolien ! Babar est un personnage complexe, rouleur de mécanique, qui exhibe sans cesse son pistolet. Il a pu se prendre pour un justicier, enivré par son pouvoir et subissant l’influence du commandant Lefaur. Mais il avait peut-être aussi d’autres comptes à régler...


Dans ce contexte parfois un peu trouble, les Lippmann sont-ils des justes ?
 

Oui, clairement. Et cela correspond à chacun de leur parcours individuel et à l’esprit de la famille. Jean Lippmann reste dans sa ligne de conscience, de lucidité et d’exigence tout au long de son parcours de résistant. D’ailleurs les résistants du Laverq seront très en colère en apprenant ces exécutions.


La montagne habite votre récit, mais elle n’est
pas cette fois flamboyante…


Les Lippmann sont des gens normaux, pas des héros, leur montagne est comme eux : elle n’a pas de faces nord, pas d’à-pics vertigineux… C’est une montagne fatiguées, sèche, rêche, rude. Elle n’a rien de sexy mais elle est vraie.
Bref, elle est ordinaire, comme ces hommes, qui entretiennent une relation intime avec elle.

 

Un lecteur un peu montagnard et curieux pourrait vouloir refaire votre parcours d’enquête,
de Nice au Haut-Verdon et à l’Ubaye… Pourquoi pas un sentier de randonnée thématique ?


A partir de la Foux d’Allos (1 800 m), on peut effectivement monter par le col deSestrière (2461 m), descendre dans la vallée du Laverq, y dormir, puis passer le col de La Pierre (2452 m), aller aux Eaux Chaudes, y passer une deuxième nuit, aller au refuge de l’Estrop, passer la barre de l’Estrop (2 800 m), descendre aux Eaux-Tortes (2 251 m) et revenir. On peut faire une randonnée fabuleuse sur les pas du réseau Lippmann !
 

Dans leur pas, sur leur trace, qu’avait vous ressenti ?


Une grande proximité. Pour moi, les Lippmann sont devenus une seconde famille. Une famille imaginée puisque je n’ai aucun lien avec eux, mais je me sens proche d’eux. Découvrir les lieux où ils sont passés, tout au long des saisons, était très émouvant. J’ai notamment refait le chemin qu’à suivi Jean Lippmann avant d’être fusillé, lui l’a probablement fait à pieds nus.
Ça m’a pris aux tripes.

Au fond, ce Jean Lippmann ne pouvait que vous plaire, un homme passionné de montagne, qui
emmène ses enfants en vacances au Spitzberg !


C’était un drôle de numéro ! Imaginez une famille au milieu des années 30, en villégiature sur cette île montagneuse en plein cercle arctique ! Je pense que c’était quelqu’un d’assez extrême, un jouisseur, qui aimait les belles voitures, côtoyait la bourgeoisie niçoise : un hédoniste !
Mais un homme qui était conscient et terriblement lucide sur ce qui se passait autour de lui.
Et c’était un père, il adorait ses enfants, c’était une famille très unie. Il est mort fusillé. Les vrais
héros de la Résistance sont des gens ordinaires.

Propos recueillis

par Bruno CILIO
 

L'Abbaye du Laverq, aujourd'hui

Hiver 1943-1944

1. Corvée de bois

2. Cousin Gorges et Raymond devant la grande Séolane, vêtus par la résistance avec des effets du 11e BCA

3. Leçon de ski avec les jeunes du Laverq

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De gauche à droite: Théo Rosenthal (tué lors de la libération de la plaine du Var), Claude Lippmann de dos, Georges, Raymond Baby, Eva Lippmann, José Gallego, Simone Baby, Jean Lippmann, Maurice Roux

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Reconnaissance des lieux

Juin 2016

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Après la fonte de la neige, il faut déménager plus haut… Le débarquement approche!

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L'intérieur de la cure, aujourd'hui

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Travail d'archive…

Le journal de l'infirmière du maquis FTP de Beauvezer: une mine d'or!

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Titre 1

Henri Hutinet, alias Jean-Louis Voray, chef de la 5e Cie FTP de Beauvezer. Follement téméraire… Tué le 5 juillet 1944

Le seul Saint-Cyrien marxiste que je connaisse! 

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14 Juillet 1944 à Colmars les Alpes

Claude Lippmann prononce un discours devant le monument aux morts, les enfants des écoles, les pompiers et ses hommes. Personne ne sourit… Le drame approche.

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Pendant que  des résistants jouent leur peau,

d'autres, loin du feu, jouent avec la peau d'innocents

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Fred Pelzer, avocat autrichien qui a fui les nazis, ami de Jacques Lippmann, prend la pose après les combats.

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Depuis la cure de l'Abbaye

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La chapelle de l'Abbaye

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Les Eaux Tortes, vallée de Laverq

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Les sources du Verdon

Le 19 juillet 1944, sept personnes, dont quatre

femmes ont été passés par les armes par des

résistants peu scrupuleux.

La plupart des fusillés n'avaient rien ou pas grand chose à se reprocher…

Le Lippmann n'ont rien pu faire pour éviter cette tragédie

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Un peu plus de dix jours plus tard, Jean Lippmann est capturé par les Allemands aux Eaux-Chaudes dans la haute vallée de la Bléone. Il est fusillé quelques heures plus tard

dans cette prairie avec quatre de ses camarades.

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Bougies du soir à l'Abbaye - Ma photo préférée de Jean Lippmann

Citations

- Surtout à chaque moment important de ma vie, je me suis posé la question du "bon choix". N'étais-je pas en train de devenir un "planqué", un attentiste ou pire un collaborateur. N'allais-je pas devoir me compromettre ou baisser la tête pour obtenir cette promotion? Quelle était la voie de la résistance?

- Les derniers survivants disparaissent jour après jour. Le bois d'aubier se dessèche pour devenir bois de coeur. L'histoire des femmes et des hommes se fossilise pour devenir Histoire.

- En matière de stratégie, si on connaît parfois l'issue, il est toujorus difficile de parier sur un calendrier…

- Tout cela, se dit-elle, n'a aucun sens! Pourquoi d'ailleurs donner du sens à ces chaos? La seule chose qui compte aujourd'hui est de vivre, de profiter de chaque seconde, avant que la vie retrouve un cours un peu moins chaotique et moins confus.

- Je ne suis pas assez costaud pour faire un trou et m'enterrer. Alors j'essaie de me faire aussi léger que l'air que je respire, de devenir invisible…

- Je veux soigner, pas tuer… Mais parfois, je me demande si ces belles paroles ne sont pas une excuse pour cacher ma lâcheté.

- Tuer n'est pas un acte de courage (…) Accepter d'être tué, l'est.

- Ce serait bien qu'on reste tous en vie.

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