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Estérel

Mon âme résonne au beau nom d’Estérel… J’y ai tant de souvenirs ! Gamin, alors que le massif n’était parcouru que par les sangliers et les couleuvres, je m’amusais à m’y perdre pour ensuite tailler ma route de retour vers la mer, avec ma boussole et mon coupe-coupe.  Eh, oui… avant de devenir montagnard, j’ai grandi au soleil de la Méditerranée. Déjà mon prof d’histoire-géo du lycée Saint Ex.  m’alertait sur mon style d’écriture qu’il trouvait « pompeux et rococo »… Pompeux ? Je ne sais pas, mais rococo, j’aime bien, comme ces villas de la Côte, du début du XX° aux décors de stucs, aux statues, inspirées d’un tableau de Gustave Moreau ; comme ces laves rouges du Dramont, aux formes déraisonnables, qui prennent d’assaut la mer.

 

Depuis, les années ont passé. J’ai vu avec impuissance les élus locaux, aveugles, décérébrés ou corrompus livrer avec jouissance la Côte d’Azur au viol collectif des promoteurs, des annonceurs. Il faut bien que les retraités d’Europe puissent avoir leur bout de béton au soleil. Impossibles aujourd’hui, les longues balades en vélo entre Saint Raphaël et Saint Tropez, entre Fréjus et Roquebrune…. La bêtise humaine combinée à la voracité est bien plus destructrice que les aimables incendies qui ravageaient régulièrement nos forêts méditerranéennes.

 

Aujourd’hui, les espaces naturels préservés de la Côte, se raréfient: Estérel, Cap Taillat, Crêtes arrondies des Maures, Port Cros… Bien sûr, ces espaces ont été domestiqués : plus besoin de coupe-coupe ou de boussole pour rejoindre la mer ! Des chemins et des sentiers pépères ont été tracés pour le plus grand bonheur des retraités qui finalement ne trouvent plus leur morceau de béton si précieux que ça… Il est malgré tout, encore possible, pour les aventuriers, de s’écarter de ces allées balisées et de partir comme l’ami Marcel, lors d’un week-end prolongé, à la recherche du Temps Perdu.

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