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Lavezzi - Le Paradis et son envers

Si les îles Lavezzi ont un démiurge, ce ne peut être que Janus, le dieu romain par qui tout commence et tout finit, celui qui commande aux portes ainsi qu’aux levers et aux couchers de soleil. Le dieu aux deux visages… 

Le premier nous sourit comme une promesse de lagon, ou plutôt non, de Seychelles sans cocotier, mais avec des plages de sable blanc bordées de blocs de granits arrondis par le temps. Un monde miniature avec ses dunes, ses étangs et ses prés salés où fleurissent la très rare ipomée sagittée, ses plateaux minéraux et son sommet qui culmine fièrement à 39 mètres. Un paradis pour les botanistes, les ornithologistes, les promeneurs d’une après midi… Un paradis pour les plaisanciers et les barboteurs, qui équipés de leurs palmes, masque et tuba, déambulent au-dessus de vastes herbiers où se croisent corbs, sars et sérioles avant de s’aventurer dans un dédale de roches où langoustes et rascasses ont trouvé refuge…

Un paradis donc… Mais aussi un enfer quand le libeccio — le vent d’ouest —  ou le gregale — vent d’est — s’engouffre dans les Bouches de Bonifacio et blanchit la mer.  Les îles montrent alors leur visage farouche presque féroce, hérissant leurs blocs de granit et  leurs hauts fonds pour mieux se défendre. On se rappelle alors que dans « ce petit coin de paradis », situé à 4 kilomètres de Bonifacio, reposent les pauvres restes de centaines de marins et de soldats de la Sémillante. Cette frégate de la Royale partie pour renforcer les forces françaises qui faisaient le siège de Sébastopol, s’est fracassée sur les écueils des Lavezzi, un triste soir de février 1855. Pas un homme ne survécut, pas un corps ne fut retrouvé entier… Pendant des mois, les bergers ne purent emmener leurs bêtes pâturer tant l’atmosphère était irrespirable… L’envers du paradis !

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