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L'Abbaye de Sénanque

Les règles édictées par Saint Benoit, au VIe siècle,  gouvernent, aujourd’hui encore, la vie quotidienne de plusieurs milliers de moines et moniales à travers le monde. «Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus» ; « personne ne dira : « Cet objet est à moi », et on n'osera  le prendre pour soi. », etc. Exigeantes, elles ont été abandonnées au Moyen-âge par certains ordres enrichis, recrutant principalement parmi la noblesse. En réaction à ces dérives, Robert de Molesme et Bernard de Clairveaux, au début du XIIe siècle, fondèrent l’ordre cistercien. Les « moines blancs » en rupture avec le monde, prônent la pauvreté, le silence, le travail manuel… Fini la rigolade, les  habits de soie, les plates d’argent, d’or et de vermeil ! Les moines de Sénanque dormaient habillés à trente dans un dortoir gelé et passaient leur temps à recopier des manuscrits dans la seule pièce chauffée ! L’architecture dépouillée à l’extrême : pureté des lignes, économie des matériaux et sobriété des ornements est à l’image de cette nouvelle austérité.

Pourtant, à Sénanque, les chapiteaux des colonnettes et des piliers sont ornés de feuilles d’acanthe. On voit même, du côté du réfectoire des palmettes et des feuilles cordiformes, des feuilles de chêne et même des grappes de raisin.  Sans doute, les bâtisseurs ont-ils voulu faire de ce cloitre une figure du paradis perdu et regagné par la prière ? D’ailleurs ces décorations végétales peuvent être interprétées comme un élan vers la lumière… contrairement aux représentations animales que dénonce Bernard de Clairveaux. Une seule exception : une tête de tarasque dans le cloitre, en face de la salle capitulaire . C'est là, face  à ce démon, que les moines prennent les décisions concernant la communauté.

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