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Polyphonies - Entre ciel et racines

Trois ados se rassemblent près de la fontaine à l’ombre d’un platane.  Le plus âgé entame une longue plainte bientôt reprise par ses deux camarades : A paghjella, un chant à trois voix appris « à l’oreille », en écoutant les adultes chanter au café, dans les champs ou à l’église.  Un babbone (ancien) s’approche d’eux :: « ça vous dirait les jeunes de chanter ce dimanche pour la messe ? » C’est ainsi, que de génération en génération, la tradition des chants polyphoniques  s’est perpétuée en Corse.

A paghjella est une savante construction musicale dont les fondations sont données par a secunda, le premier chanteur. U bassu, le deuxième chanteur, entre peu après dans le chant en décalant sa voix, comme pour faire écho. Enfin, a terza, le troisième, entre à son tour dans le jeu, en ornant le chant de ses riccucate  (mélismes) improvisés.

Le chant polyphonique corse puise ses racines dans la musique religieuse du Moyen-âge, succédant à la monodie comme le chant grégorien. Certaines de ces racines tirent leur sève des cultures copte et berbero-arabe, alors très présentes en Méditerranée. En danger de disparition, pendant les trente glorieuses, le chant polyphonique corse connaît un renouveau dans les années 80, grâce à des  musiciens comme Petru Gulefucci et Gjuvan-Paul Poletti, militants pour le Riacquistu (réappropriation)  de la culture corse. Tout en se nourrissant du passé, ils se sont ouverts aux courants contemporains ouvrant la voie à de nombreux autres musiciens.

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