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Le Lynx

Tapie contre le sol, elle se glisse en silence entre les troncs du chablis de la dernière tempête. Le soleil s’est couché à présent. Le brocard qu’elle piste depuis des heures, marque enfin un arrêt pour se désaltérer dans une flaque. Dominant sa proie, ramassée sur elle- même, les oreilles rabattues, la femelle lynx, n’est plus qu’à cinq mètres. D’un bond, toutes griffes sorties, elle saisit le chevreuil sur les flancs. En quelques secondes l’ongulé est mis à mort. Les petits  lynx sortent alors de leur cache pour festoyer avec leur mère… Repue, elle recouvre son garde-manger de feuilles mortes, pour revenir matin et soir, pendant près d’une semaine, restaurer sa petite famille, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une carcasse nue.

Disparu du massif du Jura, à la fin du XIXe, le « loup-cervier », a fait son retour dans les années soixante-dix à la faveur d’un programme de réintroduction initié par les voisins helvétiques. Depuis, la population de lynx lynx carpathus s’est développée dans ces forêts profondes  jusqu’à atteindre 70 individus environ. Chaque félin a besoin d’un espace de quelques 100 km2 pour se nourrir. Pendant au moins une année, les petits restent dépendants de la mère. Si celle-ci vient à disparaître, ses petits mourront aussi. Un équilibre fragile. D’ailleurs la population jurassienne est aujourd’hui en net recul par faute des braconniers.  Des agriculteurs ? Cela est fort peu probable, car les attaques sur le bétail sont plutôt rares. Le lynx, préfère d’ailleurs se rabattre sur des oiseaux ou des rongeurs en cas de disette plutôt que de s’approcher près des habitations. Alors ? Si les jurassiens des hauts plateaux, réputés taiseux, sont discrets, il semble bien que ces tirs soient le fait de «chasseurs » imbéciles qui voient le lynx comme un concurrent dans leur chasse au chevreuil… qui pourtant ne manque pas !

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