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L'Estéron

Elle prend sa source à plus de 1800 mètres, non loin du Teillon, véritable point de ralliement des vélivoles et libéristes.   Humble et discrète, la rivière fait son apprentissage dans les hautes vallées avant de gagner suffisamment de force pour tailler les murs de calcaire et s’enfouir entre deux falaises. « Pour vivre heureux, vivons cachés », n’est-ce pas ? L’Estéron, un modeste affluent du Var, perdu au milieu des Préalpes d’Azur, n’attire ni les grandes foules, ni les aménageurs. Les villages qui la bordent, semblent même endormis, tant ils sont ensuqués de soleil l’été ou transis de froid l’hiver. Les routes jouent la prudence, hésitant à longer ses rives, tant celles-ci sont étroites et sauvages… Tant mieux !

 

Ne changez rien, car ce délicat cours d’eau est un joyau rare quand 90% des rivières alpines sont réduites à l’esclavage et finissent à l’état de misérables ruisselets canalisés. 67 kilomètres de rivière indomptée sans barrage pour produire la sacro-sainte électricité, sans station de pompage industrielle pour irriguer des foutus champs de maïs, pas de cimetière de pneus usagés et de machines à laver en fin de course… Rien que des saules, des aulnes qui trempent leur racines sous le regard indulgent des pins sylvestres en retrait ; des herbes folles dans lesquelles glissent d’innocentes couleuvres vipérines. Des coins à morilles en  compagnie des fragons et des  chênes verts. Des gravières dans lesquelles se reproduisent truites fario et barbeaux… Un équilibre fragile qui pourrait être rompu par la beauté même des ses clues, rious et vallons et donc par une sur-fréquentation des amateurs de canyoning et de baignade, pas toujours sensibles à la quiétude des cincles plongeurs et des anguilles. A fréquenter avec modération !

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