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Le Bleu du Vercors

Pendant des siècles, les paysans du  Vercors, privés de chemins carrossables, transformèrent leur lait en fromages, quitte à en céder une partie au baron de Sassenage. Celui-ci, bon prince, leur donna le droit de vendre librement leurs bleus en l’an de grâce 1388. Cette fabrication fermière cessa au début du XXe siècle. Elle fut reprise et adaptée par un laitier savoyard, qui profitant de la ligne de tramway entre Grenoble et Villard-de-Lans, relança la consommation du bleu du Vercors.

Le lait provient nécessairement de vaches de race montbéliarde, abondance et Villarde.  La montbéliarde à la robe pie rouge, un standard de la production laitière, avec une moyenne de 7 à 8000 litres par an, est devenue la deuxième race de production laitière en France avec près de 700 000 vaches. A l’inverse la Villarde, avec moins de 400 vaches, dont moins d’une centaine dans le Vercors est une rescapée… de la seconde guerre mondiale et de la course à la productivité. En effet, environ un tiers du cheptel, estimé à 10,000 bêtes, fut décimé ou déplacé en juillet 1944 par les troupes allemandes en représailles du soulèvement du Vercors. La mécanisation et la nécessité d’améliorer les performances des années soixante précipitèrent le déclin de la vache, à la robe froment, qui avait une triple fonction : bouchère, laitière mais aussi le débardage et le travail dans les champs. Il est vrai qu’avec ses pauvres 3000 litres annuels, elle fait pâle figure par rapport aux montbéliardes, sans parler même des mémères hollandaises écornées !  Heureusement, des petits éleveurs, profitant des circuits courts, relèvent le défi et essaient de sauver la race. Le combat pour la biodiversité passe aussi par la Villarde… et le Bleu du Vercors.

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